Le répondeur, ou l'art subtil de la tromperie
Le répondeur, de Luc Blanvillain
« Baptiste sait l'art subtil de l'imitation. Il contrefait à la perfection certaines voix, en restitue l'âme, ressuscite celles qui se sont tues. Mais voilà, cela ne paie guère. Maigrement appointé par un théâtre associatif, il gâche son talent pour un quarteron de spectateurs distraits. Jusqu'au jour où l'aborde un homme assoiffé de silence. Pas n'importe quel homme. Jean Chozène. Un romancier célèbre et discret, mais assiégé par les importuns, les solliciteurs, les mondains, les fâcheux. Chozène a besoin de calme et de temps pour achever son texte le plus ambitieux, le plus intime. Aussi propose-t-il à Baptiste de devenir sa voix au téléphone. Pour ce faire, il lui confie sa vie, se défausse enfin de ses misérables secrets, se libère du réel pour se perdre à loisir dans l'écriture. C'est ainsi que Baptiste devient son répondeur. A leurs risques et périls. »
« À leurs risques et périls ». Cette expression résume parfaitement l’intrigue que j’ai eu le grand plaisir de découvrir dans Le répondeur. Il est très facile d’entrer dans l’intrigue que Luc Blanvillain réussit à rendre légère, mais aussi sérieuse. L’histoire ne souffre d’ailleurs d’aucune longueur, ou alors bien placée et parfaitement dosée.
J’ai pris un véritable plaisir à voir Baptiste, notre imitateur au talent non reconnu, « devenir » le célèbre écrivain Pierre, et non Jean comme indiqué dans la quatrième de couverture, Chozène, s’approprier sa voix et sa vie et bien entendu… y mettre un sacré désordre. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est impossible de lâcher ce livre avant d’avoir lu la fin : on veut savoir jusqu’où Baptiste ira dans la manipulation et dans le bouleversement de la vie de Pierre Chozène et de celle des personnes rencontrées au fur et à mesure de l’histoire. Des sujets majeurs abordés par le biais de l’intrigue sont également appréciés, tels que la création d’une œuvre, les aléas de la célébrité, mais surtout la difficulté de communiquer.
La seule critique que je pourrai émettre concerne le personnage de l’écrivain, qui accepte un peu trop facilement à mon goût les nombreux rebondissements de l’intrigue, et ce même en cas de grands chamboulements.